Terre fragile et instable aux multiples visages, le Japon est régulièrement confronté à des catastrophes naturelles dévastatrices. Typhons et tremblements de terre fréquents, ce pays doit composer avec la réalité de sa vulnérabilité face aux forces naturelles, c’est également ce qui renforce son lien et celui de ses habitants avec la nature, qu’elle soit sauvage ou maîtrisée.
En 2018, je pars vivre plusieurs mois à Kyoto, période durant laquelle je suis confronté à un séisme de magnitude 6 et le typhon Jebi, un des plus violents que le pays ait connu. J’habite dans une maison traditionnelle partagée, située sur le flanc du mont Higashi, entourée d’une forêt et surplombant la ville depuis l’est. J’y rencontre deux femmes japonaises, qui ont toutes deux choisi de vivre en recul de la ville afin de trouver refuge près de la végétation, en marge des attentes de la société japonaise. À travers leurs regards, j’ai compris l’importance de la nature et du vivant, j’ai appris à lire les paysages qu’elles côtoient tous les jours.
Ce sont ces catastrophes naturelles vécues et l’expérience hors des normes japonaises de ces femmes, qui m’ont conduit moi-même à me tourner vers elle. Dans cette terre de soin où la flore est autant brute que façonnée, je suis partie à la recherche de matières, de végétaux, et de la façon dont la nature est présente, traitée et vécue dans ce pays, traversé par une transformation constante du paysage et de l’architecture. Un itinéraire qui s’est construit à partir de notre environnement, mais aussi à partir de lieux qu’elles m’ont recommandés ou qu’elles ont souhaités partager avec moi.
The Whispering Season donne à voir une lecture personnelle de la nature et de notre lieu de vie à travers nos trois regards, et nous invite à une reflexion sur l’évolution du vivant dans un jeu entre le stable et l’instable, le durable et l’éphémère.